lundi 10 août 2009

Émile Bravo et Spirou : Du bon usage de la nostalgie chez Mundo BD

Entretien du 22 Mars 2009
En reprenant Spirou, le temps d’un volume, dans Le Journal d’un ingénu (Dupuis), Émile Bravo revient sur un débat qui a eu lieu dans les années 80 et dont Chaland était l’initiateur : doit-on conserver une empreinte nostalgique au personnage ? À l’époque, la direction de Dupuis avait tranché en arrêtant brutalement la publication de son histoire. Bravo y revient aujourd’hui et démontre que ce discours est non seulement possible, mais nécessaire.
 
L’étymologie du mot nostalgie évoque la notion de retour, mais aussi de douleur. La nostalgie est une « Recherche du temps perdu » qui a souvent les accents de la complainte. La notion d’ « Âge d’or » est même d’une ancienneté manifestement biblique puisque c’est l’idée même du « Paradis perdu » qui donne de la consistance au « péché originel ». D’une manière générale, toute création obéit à la nécessité de s’inscrire dans une histoire commune.
L’imitation des modèles antiques est la démarche classique par excellence. Elle permet de perpétuer les techniques et de se régénérer au savoir accumulé par les Anciens. Sans les Grecs et les Romains, point de Renaissance. Les Préraphaélites ont trouvé chez les peintres du passé des significations inédites d’ordre spirituel, tandis que les Cubistes s’étonnaient de découvrir dans les Arts premiers des formes éminemment modernes, proches de leurs préoccupations. Les Surréalistes se réclamèrent de Rimbaud, de Lautréamont, voire de William Bouguereau.
Vers la Ligne Claire
Quand Swarte inventa le terme de « Ligne Claire » en 1977, rendant hommage à Hergé, il  remixa son trait avec les apports de Theo Van Doesburg et De Stijl, ou encore avec ceux du Bauhaus, déjà présents chez le Maître de Bruxelles. Derrière lui, une multitude d’artistes construisirent un mouvement autour de ce concept vague, étendu à Jacobs, Jacques Martin, voire Bob De Moor… Le mouvement eut son instant théorique (De Klare Lijn de Joost Swarte (1977), Les héritiers d’Hergé de Bruno Lecigne, Magic Strip, 1983) et de brillants développements, comme Le Rendez-vous de Sevenoaks (1976) et surtout le Blitz (1982) de Rivière et Floc’h. Dans le même temps, Hergé et Jacobs étaient érigés en canons esthétiques de référence (« Hérigé » remarquerait un disciple de Lacan), déclenchant le remplissage absurde, mais parfois jouissif, de kilomètres d’étagères de glose...

Pour lire la suite de cet entretien, venez visiter le site Mundo BD

Par Didier Pasamonik

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